Incarnez-vous
la signification
du
Waza (technique/forme) ?
par
Kishimoto Chihiro Hanshi
Article
tiré du livre Le
regard du Jury d’examen de Iaido (Iaido
Shinsa-in no me)
Ce
livre est la compilation d'une série d'articles publiés à
l'origine dans le magazine
Kendo
Jidai.
Distribué par la British
Kendo Association.
Avec
l'aimable autorisation de Taiiku
et
Sports
Publishing Ltd.
Cependant,
comme vous ne pouvez pas rengainer votre sabre au milieu d’un Waza,
vous effectuez la deuxième coupe, après quoi vous exécutez les
mouvements consécutifs comme un avertissement à votre adversaire
pour ne pas engendrer un Kokoro malfaisant. Chiburi et Noto sont tous
deux réalisés dans un effort pour se réconcilier avec votre
adversaire. C’est parce que le véritable objectif du Iai est de
laisser la vie à votre adversaire.
Au
cours du passage de grade des 8e dan qui a eu lieu en mai, je
remarqué que beaucoup de gens ont
exécuté les Kata avec une grande compétence technique mais qui
manquait du Kokoro du Iai.
Lorsque
ce Kokoro existe, l'esprit de chaque Waza, y compris les composants
personnels, est perceptible,
d’où il découle un Iai expressif.
Dans
la première étape du passage de grade des 8e dan vous devez
effectuer sept Waza de la All Japan
Kendo Federation Iai et dans la deuxième étape sept Waza de Koryu.
Puisque les sujets examinés
sont prévenus ce jour-là de quels Wazas sur les 12 de la All Japan
Kendo Federation Iai
ils ont à faire, ils doivent être en mesure de les faire tous.
Cependant, comme ils peuvent choisir les
Waza issus de Koryu qu'ils veulent faire, il me semble que beaucoup
de gens finissent par pratiquer
seulement les sept Waza qu'ils vont faire pour l’examen. Chaque
style a un nombre différent de Waza. Pour être en mesure
d'effectuer un Iai expressif dans le cas de Muso Shinden Ryu,
vous devez être en mesure d'effectuer les 41 Waza de Shoden, Chuden
et Okuden. Si vous ne
pratiquez que sept Wazas pour l’examen, non seulement ce sera peu
séduisant pour les juges, mais
ils seront également en mesure de voir cette tactique.
À
partir de l'expression du visage d'une personne, il est possible de
dire comment ils se sentent lorsqu'ils
effectuent un Waza. Ces gens qui veulent frapper rapidement leur
adversaire ont en quelque
sorte une attitude menaçante à son encontre qui est perceptible par
la tension qu'ils projettent.
Cependant,
quand les gens pratiquent dans l'intention que d'autres regardent
leur performance, ils
transmettent une impression calme et détendue.
Pendant
ma période de trois ans de préparation au 8e dan je pratiquais tous
les Waza de Shoden, Chuden
et Okuden sur une base quotidienne, afin de réaffirmer ma conscience
de l'esprit de Koryu(Muso
Shinden Ryu). A cette époque, mon travail était très intensif et
je ne pouvais donc aller au
gymnase que quand tout le monde dormait et pratiquer dans l'obscurité
totale.
Je
positionnais mon adversaire trop loin de moi pour le couper et
m’entraînais en pensant comment ne
pas le tuer ou être tué par lui et comment je pouvais le submerger
par mon énergie spirituelle.
Grâce
à ce processus, j’arrivais à appréhender le sens caché de
chaque Waza (forme) sans
exception.
Bougez-vous
avant que votre corps ne prenne la posture juste ?
La
capacité à avoir le bon Ma est un facteur important pour être en
mesure de réaliser spécifiquement l'esprit du Iai. En fait, c’est
quelque chose que je regarde attentivement. Et ceci parce que vous
pouvez dire, en regardant le Waza de quelqu'un, le degré de sa
pratique à acquérir le Ma correct.
Cependant,
jusqu'au 3e dan je pense qu'il est important d'être capable
d'effectuer les mouvements avec
précision de la manière indiquée dans le manuel. Une fois que vous
avez appris cela, vous êtes
prêt à étudier comment acquérir le bon Ma. Si vous ne le faites
pas, vos mouvements seront bâclés,
conduisant à une posture incorrecte ou des mouvements qui sont trop
lents. Apprendre les mouvements
qui sont fidèles aux principes de base sera toujours bien utile dans
l'avenir. Je pense que
si vous vous relâchez à cet égard, vous vous heurterez à un mur
et vous serez en difficulté.
Au
4e et 5e dan vous réalisez les mouvements avec un Ma qui prend en
compte les mouvements de votre adversaire imaginaire. Lorsque vos
mouvements ne sont pas effectués en coordination avec votre
adversaire, alors vous les faites juste pour votre propre
auto-satisfaction. Les adversaires au Iai sont invisibles. Cependant,
à partir du 6e dan les juges devraient être en mesure de voir les
mouvements de votre adversaire pendant votre performance. Si vous
êtes capable de faire cela, vos mouvements devraient naturellement
devenir exempts de tout déchets.
Mon
professeur Danzaki Sensei avait l’habitude de me dire sévèrement
: «Ne cessez pas d'attaquer avec
de l’énergie spirituelle; n’anticipez pas le prochain mouvement
avant que votre corps ne
soit dans la posture correcte». Il disait cela parce que de tels
mouvements précipités ouvrent une
lacune dans votre défense. Il m'a aussi appris l'importance du Ma
correct. Ne pas cesser d’attaquer
l'adversaire avec une énergie spirituelle permet de le contrôler,
ce qui donne lieu à des mouvements
relâchés et un niveau plus élevé de Iai. Voilà ce qui est exigé
des praticiens de hauts grades.
Un
moyen efficace de ne pas relâcher votre énergie spirituelle est de
respirer par l'abdomen. Jusqu'à maintenant,
je me suis concentré sur le fait de développer la zone en dessous
de mon nombril à
la fois en inhalant et en exhalant. C’est quelque chose que je peux
maintenant faire naturellement.
En
faisant cela, votre coccyx (sacrum) se tend, renforçant les muscles
abdominaux et par là-même renforçant
l’énergie spirituelle naturellement. De plus, cela relâche les
tensions dans les épaules et
améliore l’équilibre. Puisque le bas du corps est plus stable, il
permet le Saya-Biki, un facteur
important d’un mouvement bien maîtrisé du Kissaki, effectué plus
en douceur. Ceux qui n’ont
pas de tension dans leurs muscles abdominaux finissent par avoir un
Saya-Biki plus faible, ce
qui signifie que le Kissaki ne se déplace pas avec maîtrise.
Le
mouvement maîtrisé du Kissaki est l'un des points sur lequel les
juges se concentrent particulièrement pour le 6e dan et les grades
au dessus. Lorsque le mouvement de la main gauche qui réalise le
Saya-Biki est bien coordonné avec la main droite, le Kissaki se
déplace plus efficacement, ce qui augmente l’efficacité technique
des Nukitsuke, ce qui est vital dans le Iai.
Bien
que le Nukitsuke soit effectué par la main droite, le Kissaki se
déplacera moins efficacement si
vous saisissez trop fermement avec cette main. Il est important de
vous assurer que votre main
gauche, qui effectue le Saya-Biki, soit la plus forte et cela à
l'unisson avec les hanches (Koshi).
Mettre 30% de votre force dans votre main droite et 70% dans votre
main gauche va transmettre
la plus grande quantité d'énergie au Kissaki. D’après mon
expérience, j’ai constaté qu’augmenter
ou diminuer ce ratio se traduit par un Kissaki se déplaçant d'une
manière non-efficace.
Jo-Ha-Kyu
est l'un des facteurs qui conduisent à un mouvement du Kissaki
efficace pendant Nukitsuke.
Il
y a des gens qui changent leur saisie afin de donner une impulsion au
Kissaki, mais c’est
faux. Vous devez changer votre Te-no-uchi mais vous ne devez pas
changer votre saisie elle-même.
A titre d'exemple, je voudrais expliquer la saisie de la main droite
pendant Nukitsuke.
Au
début votre saisie devrait être légère comme si vous saisissiez
un oeuf et au moment où le sabre quitte
la Saya vous serrez, dans l'ordre, votre petit doigt, l'annulaire et
le majeur. Puis, quand vous
passez au prochain mouvement vous desserrez, dans l'ordre, votre
majeur, l'annulaire et le petit
doigt. Il est très important d’employer de la force dans ces trois
doigts.
De
cette façon, le mouvement des doigts change, mais la saisie
elle-même ne le fait pas. Un changement dans la saisie modifiera le
Tenouchi, qui se traduira par une interruption dans le mouvement du
sabre et donc du Waza. Des trois doigts mentionnés ci-dessus, le
travail du petit doigt est le plus important. Si ce doigt fonctionne
correctement, alors les autres doigts vont naturellement le faire
aussi. Lorsque le Tenouchi d’une personne est efficace alors le
Kissaki fait
un sifflement sec « shu » au moment où le Kissaki commence à se
mouvoir. Cependant, pour les personnes dont le Tenouchi n’est pas
efficace et qu’ils coupent avec la partie du sabre la plus plus
proche de la Tsuba (une coupe connue comme Motogiri), un son mat «
byu » peut être entendu tout au long et jusqu’à la fin du
Nukitsuke. En réalité, cela se passe en dixièmes de seconde, mais
les juges sont capables de le discerner.
La
même chose peut être dite de la fonction de la main gauche qui
saisit la Saya. Dans Muso Shinden
Ryu on apprend aux gens à ne pas décoller le petit doigt de la main
gauche de leur Obi (ceinture).
En tirant la main gauche tout en veillant à ce que le petit doigt
glisse contre le Obi, le pratiquant
assure un dynamisme accru au sabre et un Kissaki plus puissant,
amenant ainsi son Koshi
et un Nukitsuke dans la forme adéquate.
Vous
pouvez dire combien une personne a pratiqué en regardant l'angle de
son genou droit après avoir
effectué le premier dégainement dans le Waza connu comme Mae dans
le All Japan Kendo Federation
Iai et Shohatto dans Muso Shinden Ryu. Pour les pratiquants de très
haut niveau leur Koshi
est dans la forme correcte et donc leur genou droit est naturellement
à angle droit. Etant donné
qu'une telle personne est dans une posture prête, elle peut répondre
à n’importe quels mouvement de son adversaire. Lorsque le genou
est plié, le haut du corps se penche vers l'arrière et le Koshi est
dans une forme incorrecte, ce qui signifie que le Kissaki n’est pas
efficace et que vous ne
pouvez pas passer avec aisance au mouvement suivant.
Votre
attitude dans la vie quotidienne se manifeste en elle-même aux juges
Vous
pouvez former votre Kokoro (esprit/âme) à travers la répétition
des mouvements simples qui
composent le Iai : dégainer, couper et rengainer. Le sabre est
dégainé en se basant sur les moyens
que nos prédécesseurs ont imaginés pour faire face à une variété
d'attaques d’adversaires imaginaires.
Cependant, juste sortir le sabre n’est pas le Iai véritable. Quand
je pratique, je sors mon
sabre tout en intégrant mes propres réflexions dans le Waza, comme
imaginer que mon adversaire vise mes points faibles. Concevoir vos
propres idées et recherches sur le Waza mène au développement
d’un Iai qui diffère d'un individu à l’autre.
Danzaki
Sensei disait souvent ceci: «Le Iai n’est pas fait pour tuer les
autres, mais pour leur permettre de vivre. Essayez de réaliser le
genre de Iai qu'un Daimyo (seigneur) ferait ». Ce style de Iai
Daimyo est ce qui est requis des pratiquants de hauts grades. C’est
ce qu’est un Iai individuel et
j’ai le sentiment que c’est lié au raisonnement, à la présence
et à l’élégance que les juges fixent
comme critères pour le 6e dan et au-dessus.
D’une
personne doit émaner naturellement de la présence et de l’élégance.
Bien sûr, cela peut être
réalisé par une pratique continue, mais la façon dont vous vous
comportez sur votre lieu de travail
et à la maison peut aussi affecter cela. Certainement il est
également important tous les jours
de prendre l’initiative dans les choses que vous pouvez faire,
aussi bien que pour aider et coopérer
avec les autres.
Quand
j'étais un employé, je m’efforçais de me rendre au travail tôt
et de nettoyer les bureaux de tout
le monde. Lorsque mes subordonnés ont découvert ce que je faisais,
ils ont fini par prendre l'initiative
dans tout ce qu'ils faisaient, ce qui a entraîné un progrès dans
le travail de tout le monde.
Le
travail me laissait heureusement partir à des événements liés au
Iai, même si mon entreprise était
très occupée. Je pense que l'un des principes de base pour un
artiste martial est de ne pas oublier
d'apprécier ceux qui les entourent, ou de ne pas oublier de rendre
la pareille à quelqu'un pour
sa bonté. Cette attitude prévenante et de faire des choses
naturelles forgent la façon d’être d’une
personne, ce qui se manifeste par la présence et l’élégance de
cette personne.
Quand
la prestation d'une personne n'a pas d’attrait même lorsque ses
Kata sont d'un niveau élevé, c’est sans doute le signe que cette
personne ne s’est pas entraînée en se concentrant sur ces
aspects. C’est pourquoi je pense que ces gens n’ont aucune marge
de manoeuvre pour se relâcher, d'où leur désir affiché de tuer
leur adversaire le plus rapidement possible dans leur prestation.
J’aimerais que ces gens essayent plus fortement de s’emparer du
Kokoro (esprit/âme) du Iai.
Enfin,
je voudrais parler des différentes façons de pratiquer. Beaucoup de
gens pensent qu'ils ne peuvent
pas pratiquer s’ils ne vont pas au Dojo, mais cela est erroné.
Même pendant les conversations de tous les jours, vous pouvez
pratiquer des méthodes de respiration. Par exemple, en se
concentrant sur l'expansion de votre ventre tout en parlant vous
pratiquez réellement la respiration abdominale.
Tenir
la sangle (de votre sac ou votre étui de sabre) quand vous êtes
dans le train est un moyen de pratiquer
le Tenouchi. Vous serrez de façon répétée, dans l'ordre, avec
votre petit doigt, l’annulaire
et le majeur, puis détendez-les dans l'ordre inverse. Lorsque vous
ne pouvez pas tenir la
sangle, vous enfoncez vos pieds dans le sol et utilisez votre Koshi
de manière à ce que vous ayez
une posture stable, même si le train secoue.
Inventer
de tels petits moyens de pratique transforme votre style de vie de
tous les jours dans le Dojo.
Par conséquent, vous ne devriez considérer votre temps dans le Dojo
que comme le moment d’apporter
des améliorations mineures à votre Iai.
Même
jusqu’à aujourd’hui je continue à réfléchir aux mots suivants
que Danzaki Sensei m’a dit lorsque
j’abordais la trentaine : «Il y a une limite à la force physique,
mais il n'y a pas de limite à votre
courage ou à votre esprit; En fin de compte, cela dépend de combien
vous le désirez ».
Profil
de Kishimoto Chihiro Hanshi : Né en 1933 dans la préfecture de
Yamanashi. A appris le Kendo
pendant son enfance. En 1958, rejoint le Dainippon Aikido Kenshukai
Kenshukan Dojo (Directeur
du Dojo : Danzaki Tomoaki Hanshi) et a commencé à apprendre le
Iaido et le Jodo.
En
1975, il établit une division Iaido dans la Fédération Préfectoral
de Kendo de Chiba sous la direction
de Danzaki Tomoaki Hanshi. En 1997, il devient vice-président de la
même association, et
à partir de 1999 en a également été le directeur représentatif.
Au sein de ces postes, il a travaillé dur
pour consolider les fondements de l'organisation et la développer
davantage. Il occupe actuellement
les postes de membre du conseil de la Fédération japonaise de
Kendo, directeur du Comité
Iaido et instructeur du club de Iaido de l’université de Chiba. Il
a atteint le 8e dan en 1984
et est devenu Hanshi en 1992.
Traduction
effectuée autour de juillet 2012 (de l’anglais au français en
2016 pour le Busen Dojo)
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partie de cet article peut être utilisé à des fins commerciales
Nos
sincères remerciements à Taiiku et Sports Co. http:
//www/taiiku-sports.co.jp
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