Dojo
Shidokan.
Yadome
Jutsu.
Yadome
jutsu est l'art de dévier les flèches. La pratique révèle un
niveau exceptionnel, pour ne pas dire utopique. Quoique, quelques
rares pratiquants arrivent encore aujourd'hui à démontrer qu'ils
maîtrisent partiellement cet art. C'est le cas notamment de Fumon
Tanaka, une légende des arts martiaux japonais, soke et soke-dairi
de plusieurs écoles de sabre, bo, hanbo, naginata, lance, kenpo,
jujutsu, ninjutsu, En pratiquant de Kendo, il a voyagé en
Angleterre, France, Italie, Danemark, Suède et Allemagne. Il
apparaît avec son sabre sur une vidéo de 2007 coupant les flèches
tirées par sa fille Midori Tanaka, qui depuis dirige l'école Enshin
ryu.
Une
école pratiquerait encore cette technique à ce jour, il s'agit de
la Maniwa Nen Ryu. Higuchi Sadahiro 24e soke de cette école
réalisait également des démonstrations de cet art légendaire, fin
du 20e siècle. A l'entraînement, les pointes des flèches étaient
remplacées par des petites boules de cuir pour éviter les
blessures. Cette école de kenjutsu était déjà réputée au 16e
siècle pour utiliser un Fukuroshinaï (ancêtre du shinaï actuel)
pour s'entraîner avec réalisme et efficacité au combat de sabre.
Au 17e siècle, un code moral strict y est prôné pour pacifier la
technique. Cette école originaire de la Nen Ryu de Nakamura n'était
pas attachée à un seigneur, mais était une simple école de
village (Tanogun Maniwa). Le livre Honcho Bugei Shoden de l'auteur
Shigetaka Hinatsu, écrit en 1716, décrit le Yadome Jutsu comme
pratique de l'école Maniwa Nen Ryu. Cependant actuellement cette
pratique ne fait plus partie du cursus ordinaire de l'école et est
probablement réservée à certains pratiquants de très haut niveau.
Au
12e siècle, Gochi In Tajima, sohei (moine soldat) du clan Minamoto,
originaire du temple Gochi de Nara, est décrit comme un légendaire
maître de Yadome jutsu. Le livre Heiko Monogatari raconte qu'il
défendit seul pendant quelques instants un pont surplombant la
rivière Uji pour éviter à ses compagnons d'être anéantis par les
partisans du clan Taira. Armé de sa Naginata il déviait et coupait
les flèches des archers adverses avec tellement d'aisance qu'il
créait l'admiration de ses ennemis. Ils ne nommèrent Tajima le
coupeur de flèches. Ce jour là, la rivière Uji se teinta de rouge
tellement la lutte fut terrible entre les combattants des deux clans.
Un
autre légende chinoise du 13e siècle raconte que Kosanjo Ichijosei,
nommée aussi Hu Sanniang, fille du général Kotaiko, se fit aussi
connaître, outre par sa beauté et son habileté au lasso, pour son
aptitude à dévier avec aisance les flèches adverses avec ses deux
sabres. Guerrière redoutable, intrépide et fière cavalière, elle
se trancha la gorge pour éviter le déshonneur à son mari battu
lors d'un combat.
Le
Yadome jutsu figure aussi parmi les arts enseignés du ninjutsu,
quelques illustres enseignants pratiquent encore une partie de ces
techniques. Takeda Sokaku et Morihei Ueshiba, autres figures
légendaires des arts martiaux japonais, sont aussi connus pour avoir
utilisés des mouvements de corps et parties de techniques issues de
Yadome jutsu pour agrémenter leur art. Il est infiniment dommage de
perdre ainsi un tel savoir-faire, une connaissance ancestrale hors du
commun. Mais il est fort probable que ce ne soit pas la seule
pratique martiale japonaise qui tente à disparaître, oubliée de
tous. Le haut niveau de compétence requis pour ces pratiques a un
effet éliminatoire certain qui favorise l'exclusivité de pratique
de cet art à quelques trop rares individus.