lundi 26 octobre 2020

Corriger sans blesser

 

DOJO SHIDOKAN .




Extrait 1. du Hagakure : ouvrage d'un scribe du tout début du 18e siècle qui a retranscrit l'enseignement de son maître, moine et ancien samouraï de Nabeshima.



Réprimander et corriger quelqu'un pour ses erreurs est important. Cet acte essentiellement charitable est la première obligation du Samouraï.

Mais il faut s'efforcer de le faire de façon convenable. Il est, en effet, aisé de trouver des qualités et des imperfections dans la conduite d'un tiers. Il est également facile de le critiquer. La plupart des gens s'imaginent que c'est par gentillesse qu'ils disent aux autres ce qu'ils ne désirent pas entendre et si jamais leurs critiques sont mal accueillies, ils considèrent qu'ils sont incurables.

Une telle façon de penser est déraisonnable. Elle donne d'aussi mauvais résultats que si on mettait délibérément quelqu'un dans l'embarras ou que si on l'insultait. Elle n'est souvent qu'une mauvaise manière de sortir ce que l'on a sur le coeur.

La critique ne doit intervenir qu'après avoir discerné si oui ou non la personne l'acceptera, qu'après s'en être fait une amie, qu'après avoir partagé ses intérêts et s'être comporté de façon telle qu'elle nous accorde son entière confiance, afin qu'elle ait foi en toutes nos paroles. C'est ensuite qu'intervient le tact. Il faut sentir le bon moment et la bonne manière d'exercer sa critique - par missive ou au retour d'une réunion particulièrement agréable -. Il faut commencer par faire état de ses propres imperfections puis amener l'interlocuteur à comprendre, sans prononcer plus de mots qu'il n'est nécessaire. Il faut louer ses mérites ; s'efforcer de l'encourager, de préparer son humeur; le rendre aussi réceptif aux observations que l’homme assoiffé l’est à l’eau. C’est alors qu’il faut corriger ses erreurs.

La critique constructive est délicate.

Je sais d'expérience, que les mauvaises et anciennes habitudes, ne cèdent pas sans contrainte. Il me semble que l'attitude la plus authentiquement charitable consiste, pour tous les Samouraïs au service d'un Daimyo, à être bienveillants et amicaux les uns pour les autres, à corriger mutuellement leurs erreurs pour mieux servir ensemble le Daimyo. En embarrassant volontairement quelqu'un, on ne fait rien de constructif. Comment pourrait-il d'ailleurs en être autrement ?



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