mardi 31 décembre 2019

Mushin & Tao


Dojo Shidokan.


Mushin et Tao.

L'esprit vide. Mizu no kokoro, l'esprit comme l'eau. Si l'esprit est calme, l'eau plane qui le représente offre un reflet lisse, comme un miroir parfait, au rayon de lune. Cette image est souvent employée pour montrer l'esprit paisible du samouraï avant le combat, dès le 16e siècle au Japon féodal. Les moines apprennent aux guerriers à ne pas focaliser leur esprit, mais aussi à le rendre disponible dans le calme pour attendre sereinement le dernier moment en réaction opportune et efficace à toute agression.
L'esprit libre de toute pensée, de jugement exprime un état de vigilance et d'écoute à nos sens en éveil. L'interprétation des sensations perçues est ainsi pure et sans faille, immédiate et juste. La réaction instinctive est activée instantanément à cette perception. Des réflexes corporels non conscients anticipés peuvent même être produits avant toute perception pensée.
Ce précepte Mushin est issu du Taoïsme. C'est plus une philosophie de vie qu'une religion, la croyance en l'inutilité, garante de longévité, l'esprit libre dans la voie de la nature et du cosmos. Ce mode de vie proche de la nature, égalitaire, sans jugement, sans idée préconçue, sans qualité apparente, sans hiérarchie établie, n'est pas une inactivité inefficace mais, au contraire, une nourriture indispensable qui vise à rendre le corps et l'esprit disponibles et ouverts à tout. Le taoïste propose une sagesse de la fluidité, de la souplesse,du mouvement qui vise à être en harmonie avec le foisonnement de la vie.
La plénitude du vide est un paradoxe fondamental du Taoïsme. Cette apparente opposition de termes est volontairement employée pour briser la pensée conventionnelle, casser le sens des mots, créer un intérêt à ce mystère philosophique. L’interprétation des textes taoïstes anciens est très difficile et infiniment variable, vu les nombreuses formes possibles d'images suggérées par ces écrits gravés sur bois. Ces énigmes ne doivent pas se borner aux mots du vocabulaire moderne.
La pratique Taoïste est traditionnellement liée à des excès ascétiques pour rendre l'esprit libre, jeûnes prolongés, nourriture végétale, mortifications, exclusion de pratique sexuelle, résistance à l'alcool et aux drogues, respiration en longues apnées, gymnastique contorsionniste. Bref, des formes de nourriture du corps et de l'esprit visant à régénérer, transformer et même tendre à immortaliser le pratiquant.
Mais en dehors de ces exagérations de quelques adeptes visionnaires, la vie simple et authentique, en accord avec l'environnement, le quiétisme naturel sont les aliments essentiels de l'insouciante maîtrise corporelle acquise par le Taoïsme.
Laisser libre court aux actions spontanées est l'aboutissement de Mushin et de l'esprit Tao. C'est par cette voie humble et simple que le guerrier, en quête de perfection, peut acquérir la maîtrise de son art. Plus l'homme pense à être le plus efficace et à être le meilleur, moins il est en contact avec le réel. Les gestes et les réflexes instinctifs qui y sont liés doivent venir naturellement, sans artifice.


samedi 7 décembre 2019

Te No Uchi


Dojo Shidokan.


Te no uchi.

La saisie du sabre, la pose des mains sur la tsuka. Décrire en détails une bonne coupe au katana est très difficile. Mais on peut donner certaines indications sur la saisie du sabre. La base de la bonne saisie est la sensation de tenir la poignée dans les doigts sans saisir trop fermement, un peu à la manière de saisir un oeuf. La saisie forte ne se place qu'un bref instant avant l'impact Tous les mouvements entre l'armé et l'impact sont des mouvements qui visent à donner une juste orientation et la vitesse au kissaki pour arriver à un placement correct du tranchant pour commencer la coupe et avoir une force suffisante pour trancher. La fin de coupe demande aussi un attention particulière car le sabre doit être arrêté de manière correcte et aussi prêt à repartir. Le relâchement est nécessaire pour le début et la fin de la coupe. La main droite est devant, elle ne doit pas toucher la partie métallique de la tsuba et le petit doigt de la main gauche est devant le dernier nœud du tsukamaki. Les deux mains sont écartées d'une distance de deux doigts.
La pression du corps dans la coupe se transmet principalement par l'intermédiaire des doigts des deux mains. La coupe n'est pas seulement un mouvement de bras, mais le corps tout entier participe à la pression du sabre. En détaillant les différentes phases du te no uchi pour réaliser une coupe, on peut expliquer que l'armé est souple en tenant la tsuka dans les doigts sans fermer complètement la main. Les mains au dessus de la tête sont placées à 90° par rapport à la tsuka. L'orientation 45° et le centrage du kissaki sont réalisés principalement par les pouces. Le lancé du kissaki se fait surtout par le mouvement du petit doigt et de l'annulaire au départ, puis les poignets entrent en rotation, ensuite les avants-bras et finalement le bras pour arriver à la position d'efficacité maximum avant l'impact.
Cette position doit être forte pour pouvoir effectuer un tranché puissant, la main gauche devient dominante par rapport à la droite. Ce moment de l'impact est important, il faut vérifier la position correcte des mains orientées à 45° sur la tsuka, le muscle de la base du pouce doit couvrir le mune de la tsuka pour les deux mains. Le bras droit est alors tendu souplement légèrement plus bas que l'horizontale, le poignet gauche est le plus fort fort, le sabre est centré et incliné à 45° juste au dessus de la cible.
Lors de la coupe, il y a également un mouvement de torsion chimeru, légère rotation des mains sur la tsuka pour renforcer le contrôle du sabre. Si on serre trop fort la tsuka, on exécute un trop forte rotation des mains et la tension des bras devient trop forte en fin de coupe. Le mouvement chimeru est réalisé par le glissement du muscle du pouce sur la tsuka pendant la coupe. L'équilibrage de pression des deux mains est aussi important sinon le mouvement de sabre est désordonné. La fin de coupe n'est pas une traction des bras mais un retour souple du sabre vers le nombril avec un léger mouvement de corps (serrer les omoplates). Les creux intérieurs des coudes sont orientés vers le haut. Le sifflement correct du sabre pour une grande coupe doit être long et grave, il se situe sur le haut avant l'impact. Si le sifflement est bas, court et aigu, la coupe est courte et puissante en bas, il y a trop de force dans les bras. Le lancement du sabre en début de coupe ne doit pas débuter avec les poignets, sinon on peut remarquer un mouvement de balancier et parfois la pointe peut tomber sous l'horizontale. L'armé est incliné vers le haut au dessus de la tête et le départ du mouvement est réalisé, à partir d'un relâché des doigts, en serrant la tsuka entre le pouce et l'annulaire. Ce point doit être précisément vérifié.

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