lundi 26 août 2019

Muso Shinden Ryu


Dojo Shidokan.


Muso Shinden ryu.

Historique de l'école :

École de sabre issue du Jinsuke ryu ou Shin Mei Muso ryu créé par Hayashizaki Jinsuke Minamoto no Shigenobu (1546-1621). Ce dernier est considéré comme le premier créateur de la plus ancienne école de Iaï jutsu, appelé aussi Batto jutsu.
Sa vie est peu connue et affectée de nombreuses légendes. Il serait né à Sagami province de Mutsu. Son père aurait été assassiné alors qu'il était jeune. Ayant déjà une bonne connaissance en ïaï jutsu à l'âge de quatorze ans, il effectue une retraite de cent jours dans un temple pour acquérir des techniques de sabre. Au cours de méditations, il aurait eu une vision de technique fulgurante de dégainer et couper en un temps. Ce qui était peu courant à l'époque, surtout avec le long sabre de plus d'un mètre de tranchant. Cette technique hors pair lui permet de venger son père et d'établir sa réputation. A partir de ce moment, il se met à pratiquer intensivement l'art du sabre, donnant à son art le nom de Muso car issu d'un songe. Il réalise un premier pèlerinage Musha Shugyo pour se perfectionner dans l'art du sabre et aussi attirer de nombreux disciples. A l'âge de 73 ans, il refait un second pèlerinage au cours duquel il disparaît mystérieusement. Quelques temps plus tard sa dépouille sera retrouvée et inhumée dans un temple qui lui sera dédié à Yamagata, non loin de ses origines. Son école Hayashisaki Shin Mei Muso ryu sera perpétuée pendant plusieurs siècles. A partir de son enseignement différentes autres écoles de iaï jutsu apparaissent, dont le Hoki ryu, le Seikiguchi ryu et l'Ichinomya ryu. Il aurait aussi été professeur de plusieurs seigneurs Tokugawa.
La 7e génération sera dirigée par Hasegawa Chikaramosuke Eishin Hidenobu qui est originaire de l'île Shikoku et du clan Tosa (ou Kochihan). En 1610 à Edo au contact d'autres écoles, il adapte les techniques de son école à l'utilisation d'un sabre plus court (75cm) porté sur le côté gauche à la ceinture et tranchant vers le haut. Il retourne ensuite dans sa province d'origine et enseigne son art du sabre au clan Tosa. Son enseignement devient secret et interdit de diffusion en dehors du clan. Cette nouvelle forme prend le nom de Eishin ryu, il y incorpore des wazas à partir de la position tate hiza.

Le 9e soke introduit une nouvelle forme développée par un maître, élève d'Eishin, qui a aussi étudié le Yagyu Shinkage ryu en plus du Shinmei Muso ryu et qui a aussi incorporé des principes d'étiquette issus de l'art du thé et du tir à l'arc, il s'agit de Omori Rokurozaemon. Ces aspects philosophiques vont transformer la pratique du Iaï jutsu du clan Tosa, départs en position seiza ou tate hiza, saluts de départ et de fin, respect du partenaire. Cette branche sera appelée Omori ryu et fera partie intégrante de l'Eishin ryu.
Lors de l'unification du Japon par Tokugawa Ieyasu, le clan Tosa, ennemi, est disséminé, une fracture s'installe dans la pratique avec création de deux lignées Tanimura-ha et Shinomura-ha. Mais les deux branches restent perméables et évoluent dans la région de Tosa. La lignée Tanimura donnera naissance au Muso Jukiden Eishin ryu et la lignée Shinomura donnera naissance au Muso Shinden ryu.
Oe Masamichi 17e soke (1852 à 1927) étudie le Kokuri ryu et le Shinkage ryu en plus de l'Eishin ryu et des deux branches de Shin Mei Muso ryu. A la restauration Meiji, il fait partie de la Dai Nihon Butoku Kai et reçoit le titre de Menkyo Kaiden. Il renomme la branche Tanimura en Muso Jikiden Eishin ryu et développe son enseignement dans tout le Japon. Il crée le kata Haya Nuki, issu de l'Omori ryu, dont tous les mouvements sont exécutés debout et enchaînés. Il devient Hanshi mais ne désigne pas de successeur, ce qui provoquera quelques tensions et scissions.

Nakayama Hakudo ou Hiromichi (1872 à 1958) étudie le Shinden Munen ryu dont il devient le plus haut gradé à l'âge de 28 ans seulement. Il étudie ensuite le Shinto Muso ryu et Hasegawa Eishin ryu, y compris Omori ryu. Il devient Menkyo de la branche Shinomura mais également de la branche Tanimura. C'est le premier étranger du clan Tosa à être admis dans cette école. Il est nommé Hanshi de la Dai Nihon Butoku Kai en kendo et iaïdo et en 1930 renomme la branche Shinomura en Muso Shinden ryu. Il sera le seul a recevoir deux titres de Judan (10e dan). Lui-même instructeur de Jodo Shinto Muso ryu, il fait entrer le Jodo dans l'AJKF en plus du Kendo et Iaïdo pour donner une meilleure compréhension du sabre aux pratiquants. C'était un ami personnel de Morihei Ueshiba. Il fut aussi instructeur du troisième fils de Funakoshi (karate) et de Minoru Mochizuki (Yoseikan). Il favorise la méditation et l'amélioration du travail du corps par l'éducation de l'esprit. Il crée le kata Inyoshintaï et donne une voie philosophique à la pratique du sabre en la nommant Iaïdo, abandonnant le terme iaï jutsu. Ses enseignements de prédilection sont la présence mentale et la réaction immédiate sous forme de réflexe inconscient. Il parvient à démontrer la possibilité de coupe d'une barre de fer par une lame d'acier de katana japonais ordinaire sans abîmer le tranchant. Lui non plus ne désigne pas de successeur à la tête de son école.

En déduction de ce bref historique on peut remarquer que les deux écoles Muso Shinden ryu et Muso Jikiden Eishin ryu sont sœurs et ont évolués parallèlement pendant plusieurs décennies. De plus, elles deviennent maintenant presque immuables puisque volontairement les créateurs n'ont pas désigné de successeur pour faire évoluer leur création. Peut être ont ils songé que toute évolution serait matière à dénaturer l'art issu de leurs ancêtres samouraïs ?

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