Dojo
Shidokan.
Muso
Shinden ryu.
Historique
de l'école :
École
de sabre issue du Jinsuke ryu ou Shin Mei Muso ryu créé par
Hayashizaki Jinsuke Minamoto no Shigenobu (1546-1621). Ce dernier est
considéré comme le premier créateur de la plus ancienne école de
Iaï jutsu, appelé aussi Batto jutsu.
Sa
vie est peu connue et affectée de nombreuses légendes. Il serait né
à Sagami province de Mutsu. Son père aurait été assassiné alors
qu'il était jeune. Ayant déjà une bonne connaissance en ïaï
jutsu à l'âge de quatorze ans, il effectue une retraite de cent
jours dans un temple pour acquérir des techniques de sabre. Au cours
de méditations, il aurait eu une vision de technique fulgurante de
dégainer et couper en un temps. Ce qui était peu courant à
l'époque, surtout avec le long sabre de plus d'un mètre de
tranchant. Cette technique hors pair lui permet de venger son père
et d'établir sa réputation. A partir de ce moment, il se met à
pratiquer intensivement l'art du sabre, donnant à son art le nom de
Muso car issu d'un songe. Il réalise un premier pèlerinage
Musha Shugyo pour se perfectionner dans l'art du sabre et aussi
attirer de nombreux disciples. A l'âge de 73 ans, il refait un
second pèlerinage au cours duquel il disparaît mystérieusement.
Quelques temps plus tard sa dépouille sera retrouvée et inhumée
dans un temple qui lui sera dédié à Yamagata, non loin de ses
origines. Son école Hayashisaki Shin Mei Muso ryu sera perpétuée
pendant plusieurs siècles. A partir de son enseignement différentes
autres écoles de iaï jutsu apparaissent, dont le Hoki ryu, le
Seikiguchi ryu et l'Ichinomya ryu. Il aurait aussi été professeur
de plusieurs seigneurs Tokugawa.
La
7e génération sera dirigée par Hasegawa Chikaramosuke Eishin
Hidenobu qui est originaire de l'île Shikoku et du clan Tosa (ou
Kochihan). En 1610 à Edo au contact d'autres écoles, il adapte les
techniques de son école à l'utilisation d'un sabre plus court
(75cm) porté sur le côté gauche à la ceinture et tranchant vers
le haut. Il retourne ensuite dans sa province d'origine et enseigne
son art du sabre au clan Tosa. Son enseignement devient secret et
interdit de diffusion en dehors du clan. Cette nouvelle forme prend
le nom de Eishin ryu, il y incorpore des wazas à partir de la
position tate hiza.
Le
9e soke introduit une nouvelle forme développée par un maître,
élève d'Eishin, qui a aussi étudié le Yagyu Shinkage ryu en plus
du Shinmei Muso ryu et qui a aussi incorporé des principes
d'étiquette issus de l'art du thé et du tir à l'arc, il s'agit de
Omori Rokurozaemon. Ces aspects philosophiques vont
transformer la pratique du Iaï jutsu du clan Tosa, départs en
position seiza ou tate hiza, saluts de départ et de fin, respect du
partenaire. Cette branche sera appelée Omori ryu et fera partie
intégrante de l'Eishin ryu.
Lors
de l'unification du Japon par Tokugawa Ieyasu, le clan Tosa, ennemi,
est disséminé, une fracture s'installe dans la pratique avec
création de deux lignées Tanimura-ha et Shinomura-ha. Mais les deux
branches restent perméables et évoluent dans la région de Tosa. La
lignée Tanimura donnera naissance au Muso Jukiden Eishin ryu et la
lignée Shinomura donnera naissance au Muso Shinden ryu.
Oe
Masamichi 17e soke (1852 à 1927) étudie le Kokuri ryu et le
Shinkage ryu en plus de l'Eishin ryu et des deux branches de Shin Mei
Muso ryu. A la restauration Meiji, il fait partie de la Dai Nihon
Butoku Kai et reçoit le titre de Menkyo Kaiden. Il renomme la
branche Tanimura en Muso Jikiden Eishin ryu et développe son
enseignement dans tout le Japon. Il crée le kata Haya Nuki, issu de
l'Omori ryu, dont tous les mouvements sont exécutés debout et
enchaînés. Il devient Hanshi mais ne désigne pas de successeur, ce
qui provoquera quelques tensions et scissions.
Nakayama
Hakudo ou Hiromichi (1872 à 1958) étudie le Shinden Munen ryu
dont il devient le plus haut gradé à l'âge de 28 ans seulement. Il
étudie ensuite le Shinto Muso ryu et Hasegawa Eishin ryu, y compris
Omori ryu. Il devient Menkyo de la branche Shinomura mais également
de la branche Tanimura. C'est le premier étranger du clan Tosa à
être admis dans cette école. Il est nommé Hanshi de la Dai Nihon
Butoku Kai en kendo et iaïdo et en 1930 renomme la branche Shinomura
en Muso Shinden ryu. Il sera le seul a recevoir deux titres de Judan
(10e dan). Lui-même instructeur de Jodo Shinto Muso ryu, il fait
entrer le Jodo dans l'AJKF en plus du Kendo et Iaïdo pour donner une
meilleure compréhension du sabre aux pratiquants. C'était un ami
personnel de Morihei Ueshiba. Il fut aussi instructeur du troisième
fils de Funakoshi (karate) et de Minoru Mochizuki (Yoseikan). Il
favorise la méditation et l'amélioration du travail du corps par
l'éducation de l'esprit. Il crée le kata Inyoshintaï et donne une
voie philosophique à la pratique du sabre en la nommant Iaïdo,
abandonnant le terme iaï jutsu. Ses enseignements de prédilection
sont la présence mentale et la réaction immédiate sous forme de
réflexe inconscient. Il parvient à démontrer la possibilité de
coupe d'une barre de fer par une lame d'acier de katana japonais
ordinaire sans abîmer le tranchant. Lui non plus ne désigne pas de
successeur à la tête de son école.
En
déduction de ce bref historique on peut remarquer que les deux
écoles Muso Shinden ryu et Muso Jikiden Eishin ryu sont sœurs et
ont évolués parallèlement pendant plusieurs décennies. De plus,
elles deviennent maintenant presque immuables puisque volontairement
les créateurs n'ont pas désigné de successeur pour faire évoluer
leur création. Peut être ont ils songé que toute évolution serait
matière à dénaturer l'art issu de leurs ancêtres samouraïs ?