jeudi 30 janvier 2020

Naka ima


Dojo Shidokan.



Naka Ima.

Ici et maintenant. Cela illustre parfaitement la nécessité de se focaliser sur le présent. Ce qui est passé est passé, nous ne pouvons rien y faire. Ce qui viendra demain ne peut être connu et il est illusoire de vouloir le prévoir. Par contre, il faut pouvoir s'attendre à vivre le futur sans angoisse et jouir pleinement de l'instant présent. Ce précepte de vie est issu du Bouddhisme et surtout du Taoïsme. Vivre intensément chaque instant est une philosophie de vie purement orientale mais qui tend à s'occidentaliser pour éteindre le fameux Burn-out ou soigner la boulimie, l'anorexie, les prises de poids incontrôlées, douleurs stomacales... Bref, tout ce qui touche au vécu angoissant. Ruminer le passé, ce que l'on a manqué ou ce que l'on a perdu, est souvent notre activité cérébrale préférée et cela nous met dans un lamentable état mental. On exprime alors de diverses manières non contrôlées notre ressenti, ce que les autres en perçoivent est plutôt pitoyable.
Accuser les autres de son malheur, donner des excuses à nos souffrances et nos échecs par de minables explications, n'est pas une gloire. La seule leçon à tirer de ces événements est que l'on doit se relever, se remettre debout et vivre pleinement ce moment où l'on remonte vers la vie. Le reste est du passé. Accueillons gaiement l'après-échec. Mettons notre meilleur cœur à vivre ce nouveau présent. Il importe de voyager libre d'hier et conscient d'aujourd'hui.
Vouloir modifier les autres ou leur donner des leçons est aussi une erreur. Penser à changer de petites choses dans notre vie peut provoquer un questionnement et une attitude différente chez nos proches. Il n'est pas toujours nécessaire d'effectuer de grandes choses pour obtenir un résultat probant en retour. La réflexion doit se porter sur l'essentiel du bonheur, en éliminant le superflu.
Il s'agit aussi d'une principe de survie, l'esprit perturbé ne peut percevoir le danger. Pire, il ne peut y réagir correctement. Le précepte est particulièrement adapté à la pratique des arts martiaux. Il s'applique surtout dans la réflexion à notre pratique. L'art du sabre pratiqué sans adversaire physique apparent demande au iaïdoka expérimenté une perception de danger imminent nécessaire à une réalité d'action. Cela ne peut se faire qu'avec un esprit calme et serein, orienté sur la sensation positive de l'instant présent. Il interdit toute crainte, tout jugement, toute pensée négative.
Pour vivre intensément l'instant présent et pouvoir réagir calmement à tout ce qui vient, il faut aussi être capable de répondre à toute sollicitation et s'y être préparé. Celui qui pense qu'il va y arriver sans entraînement profond est un sacré veinard ou un sot présomptueux. Être vigilant et prêt à toute chose est la qualité ultime du guerrier japonais. Bien sûr, on ne peut raisonnablement, à notre époque, vivre comme un samouraï, suspendant notre sabre, pointe vers le bas, accroché par un cheveu, au dessus de notre couche.
L’insouciance de l'enfance est un des meilleurs moyens pour vivre pleinement le présent. Cette soif infantile de découverte ne doit pas nous quitter. C'est elle qui nous pousse à ne pas craindre l'inconnu. Plus nous nous mettons volontairement en situation inconfortable, plus nous travaillons à apaiser notre mental et diminuons nos angoisses. L'expérimentation de situation douloureuse ne devrait pas nous permettre de limiter notre quête de découverte de bonheur. Au contraire cela devrait nous renforcer dans cette approche de pleine jouissance du moment présent.

Voeux 2024