Par
Louis Vitalis
Sensei,
7e dan Iaido, 7e dan Kendo, 7e dan Jodo
SHU
HA RI - Le
développement du Iaidoka
ZANSHIN
- Garder
la concentration
KEN
I ICHI -
Kendo et Iaido sont un seul
JI
RI ICHI -
La pratique et la théorie sont un seul
MAAI
- La
distance entre vous et votre adversaire
HEIJOSHIN
- Le
calme intérieur (attitude ordinaire)
FURIKABURI
- La
montée du sabre, préalable au...
KIRIOROSHI
- La
coupe vers le bas
ASHI
SABAKI -
Les déplacements
FUDOSHIN
- Le
sang-froid
SHISHIN
- Le
coeur qui s’arrête
KIHIN
- L’allure,
la fierté et la dignité
ICHI
HYOSHI - Le
rythme est un
KAN-KYU
KYO-JAKU -
La relation entre lent/rapide et fort/faible
ITSUKI
- Blocage
physique ou mental
KYO
JITSU -
Distinguer points faibles/forts et être capable de s’en servir
MITSU
NO SEN - Les
trois façons de prendre l’initiative
SHIKAI
- Les
quatre maladies
KENCHUTAI
- L’attaque
et l’attente ne font qu’un
KENSHINTAI
ICHI -
Le sabre, le coeur (l’état d’esprit) et le corps ne font qu’un.
SHU
HA RI
Chaque
Iaidoka effectue dans son parcours une nécessaire progression. Dans
ce processus une certaine loi et un ordre de cachent et qui se
déroulent en trois phases :
-
SHU :
Littéralement “protéger”. Dans le sens de protéger le savoir
du Sensei. Le Iaidoka, dans cette phase (environ jusqu'au troisième
Dan), doit juste copier tout ce qui est enseigné. Douter des
connaissances en Iaido de l'enseignant n’est pas permis.
-
HA :
“rompre la promesse” montre réellement une approche critique du
point de vue du Iaidoka sur tout ce qu’il a appris jusqu'ici. Le
contrôle des techniques de base permet à partir de ce moment de
suivre les instructions d'autres Sensei de manière à pouvoir
comparer les différents systèmes les uns avec les autres. En
pratique, le Iaidoka est maintenant entre son troisième et son
sixième Dan.
-
RI :
Enfin arrive le moment où l'enseignant et l’élève se “séparent”.
Le Iaidoka très avancé est maintenant capable d'inventer ses
propres techniques, de produire sa forme personnelle de Iaido et
d’être capable de le transmettre.
ZANSHIN
Garder
la concentration. Littéralement cela signifie “persistant” (ZAN)
coeur/esprit
(SHIN).
Cela veut dire quelque chose comme “garder un état optimal après
l'exécution
d'une technique”. Dans ce cas, cela n’a pas d’importance de
savoir si
la
frappe ou la perforation ont été exécutées correctement. Quand il
y a manque d'attention envers votre adversaire après l'exécution
d'une attaque, comme par exemple parler sans faire attention aux
mouvements de l'adversaire, alors c’est une question de manque de
ZANSHIN. Par ce manque d'attention vous êtes en fait en danger
d'être touché par une frappe à votre tour. Traduit librement, vous
pouvez dire que l'essence du ZANSHIN “c’est de rester présent”
(car la situation est toujours dangereuse) ou “de garder votre
esprit concerné” ou “de continuer à y penser”.
KEN
I ICHI
Le
Kendo et le Iaido vont de pair. Le Kendo est le combat avec des
sabres déjà dégainés là où le Iaido est un combat avec le sabre
non dégainé. On pourrait dire ce qui suit : tant que le sabre est
encore dans son fourreau, c’est une situation du IAI et dès que le
sabre a quitté le fourreau il ya une situation de KENDO. C'est
pourquoi le Iaido est aussi appelé “SAYA NO UCHI” ce qui
signifie “dans le fourreau”.
JI
RI ICHI
En
Iaido, une partie importante de l’instruction à côté de l'étude
des techniques, est l'étude de la théorie. Le Iai est à l'origine
un art martial utilisé sur les champs de batailles et on peut
imaginer qu’au tout début du Iai il y avait plus de valeur dans
les aspects techniques, simplement parce que c'était une question de
vie ou de mort.
Mais
lorsque le Japon, pendant la période Edo (1603 - 1868), a traversé
une longue période de stabilité et de paix, le Iai est devenu pour
de nombreux Bushi (membre de la classe guerrière) une forme d'art
martial dans lequel l’entraînement mental (c'est-à-dire le
développement de la capacité à se concentrer, le calme intérieur,
etc..) a commencé à prédominer sur un vrai combat accumulant
l’entraînement technique.
Même
dans le BUKE SHOHATTO, un répertoire pour les membres des familles
guerrières, il était écrit que les Bushi, à côté de leur
formation militaire, devaient également s’occuper eux-mêmes de
littérature, calligraphie, etc... Cette combinaison de formation
militaire, théorique et scientifique a été appelé BUN BU ICHI,
c'est-à-dire littérature et arts martiaux ne font qu’un, ou
également appelé BUN BU RYODO, c'est-à-dire les deux voies de la
littérature et des arts martiaux. La variante moderne de cela est JI
RI ICHI, c'est-à-dire JI (la pratique) et RI (la théorie) ne font
qu'un.
Qu’est
ce que cela signifie pour un Iaidoka moderne ?
La
plupart des Budoka au Japon ne se préoccupent que du côté
technique. S’ils ont
un
examen, ils vont regarder la veille dans le livre de théorie pour
pouvoir réussir
la
partie théorique de l'examen. D'un autre côté, il y a aussi des
gens qui sont plus préoccupés de la théorie que de la pratique.
Ils lisent des livres épais sur le Zen, le Confucianisme, etc.. et
suivent de longues conférences sur la relation entre le Zen et
Iaido, mais en pratique ils ne sont pas capables de couper une
plaquette de beurre en deux. Il est évident que l’on ne peut pas
apprendre le Iaido dans un livre, mais d'un
autre
côté, si l’on s’entraîne (Keiko) durement et que l’on n’a
jamais lu quelque
chose
à ce sujet, alors il manquera une partie essentielle au Keiko.
Posez-vous
la question : “Pourquoi avez-vous commencé par Iaido ?” “Quelle
est
la
longueur appropriée d'un Iaito ?”, “Quels sont les noms des
parties du sabre ?”,
“Qu'est-ce
que Zanshin ?”, “Qu'est-ce que Metsuke ?” etc...
MAAI
MAAI
est la distance entre vous et votre adversaire, mesurée à partir du
pied arrière.
Chaque
mouvement en Iaido a un Maai spécifique : parfois l'adversaire est
tout près, parfois il est loin. Il est important de réaliser par
vous-même quel Maai est approprié à chaque situation ou quel Maai
en découle. Une distance longue est appelée TO MAAI, une distance
courte est appelée CHIKA MAAI.
HEIJOSHIN
Une
recherche commune au Iaido et au Zen est une quiétude intérieure.
Si vous êtes agité ou pire si vous paniquez, il est naturellement
impossible de vaincre votre adversaire. Le calme intérieur est
appelé au Japon HEIJOSHIN. HEIJO signifie “normal, ordinaire” et
SHIN (ou KOKORO) “coeur, sentiment”. On peut traduire HEIJOSHIN
par “l'attitude de tous les jours”. Quoi que vous fassiez, quand
vous faites vos courses ou que vous répétez cent fois le premier
Kata de Seitei Iai, votre attitude doit être normale, ce qui veut
dire être calme. Au Japon, on dit “HEIJOSHIN KORE MICHINARI” ce
qui veut dire: “HEIJOSHIN c'est la Voie ou le Chemin à suivre” !
FURIKABURI
FURIKABURI
est le fait d’armer le sabre vers le haut, en préliminaire au
KIRIOROSHI (couper vers le bas). Furikaburi et Kirioroshi doivent
évoluer de l’un à l’autre de manière fluide et sans heurt.
Dans les Kata de Seitei Iai, le Sabre doit être - pour ainsi dire -
collé le long de l'oreille gauche vers l'arrière après le
NUKITSUKE, puis le Sabre monte au dessus
de
la tête selon un angle de 45 degrés vers l'arrière. Si un
Kirioroshi est suivi d’un autre Kirioroshi (par exemple dans
SANPOGIRI, Kata numéro 7), le Sabre devrait être - pour ainsi dire
- renversé ou retourné avant qu’il ne soit amené au-dessus de la
tête. On ne devrait absolument pas lancer en premier le Sabre en
direction du nez. FURIKABURI et KIRIOROSHI doivent toujours être
effectués d’un mouvement large et ample.
ASHISABAKI
ASHISABAKI
signifie déplacement des pieds. En Iaido, les deux pieds doivent
être dirigés vers l'avant le plus possible. Cela est spécialement
impératif pour le pied arrière qui a toujours tendance par lui-même
à pointer de côté. Les pieds sont relativement espacés l’un de
l’autre donc les hanches sont capables de descendre un peu. Lors
des déplacements, il est nécessaire d'essayer de garder les hanches
à la même hauteur. En se déplaçant dans des directions
différentes il faut faire attention à ce que les pieds ne soient
pas alignés l’un derrière l'autre. Un ASHISABAKI correct est très
important pour une bonne technique de coupe et pour une belle posture
du corps. Le Ashisabaki est toujours exécuté avec un SURIASHI,
c’est à dire que le bol du pied glisse toujours sur le sol. Il ne
faut pas soulever le pied trop haut et particulièrement lors des
différents pas, ne pas poser le talon en premier sur le sol.
FUDOSHIN
Lorsque
vous faites face à votre adversaire, il est bien sûr important
qu’il ne vous surprenne pas. Aussi vous ne devez pas être
influencé par l’apparence de sa réputation. Vous devez acquérir
une sorte de sang-froid. Au Japon, on appelle cela “FUDOSHIN”.
FUDO
signifie “ne pas bouger” et SHIN signifie bien sûr à nouveau
“coeur” ou
“esprit”
ou “attitude”. Un coeur sans mouvement est un coeur qui ne sera
pas perturbé par des circonstances extérieures et les Budoka parmi
nous qui se sont entraînés une fois avec un grand maître japonais
(8e ou 9e Dan Hanshi), savent exactement ce que le sens de Fudoshin
peut être dans la pratique : aussi fort et rapide que vous
attaquiez, quelque soit la combine que vous utilisiez, un véritable
grand maître ne perd presque jamais l'équilibre. Presque jamais,
mais parfois les singes tombent aussi de l'arbre, dit un proverbe
oriental. Une façon de dire : un Sensei 8e Dan rate parfois son
NOTO.
SHISHIN
Si
votre esprit est bloqué par quelque chose, vous n'êtes pas capable
de réagir de manière adéquate et rapide à quelque chose. On
appelle ça “un coeur qui se fixe”
(SHISHIN)
en japonais. C'est le contraire de FUDOSHIN et c'est quelque chose
qu’il
faut
absolument essayer d'éviter. Les pensées doivent - pour ainsi dire
- s'écouler d'une façon naturelle d'un phénomène à un autre,
sans un endroit où s’attacher. Pratiquement cela signifie que
l’attention ne doit pas être fixée sur un point particulier de
l’adversaire (par exemple seulement sur son poignet ou sur son
arme), mais que vous devez essayer de le voir comme un tout.
KIHIN
A
côté d'une attitude calme et imperturbable, vous devez montrer au
cours d'un ENBU (démonstration de Kata de Iaido) un certain style et
de la dignité. En japonais cela s'appelle KIHIN ou KIGURAI. Cela
signifie, parmi d’autres aspects, que pendant l’Embu vous devez
garder une concentration maximale, une posture droite et une attitude
sérieuse, ainsi vous paraissez digne et confiant. Un manque de
concentration s’exprime, entre autres, par un faible Kirioroshi,
par des mouvements non coordonnés des mains et des pieds et surtout
un pied gauche dont les orteils pointent vers l'extérieur gauche au
lieu d'être droit vers l’avant.
Un
pied gauche pointant vers la gauche est appelée SHUMOKUASHI et en
Kendo, Iaido et Jodo, nous devons autant que possible éviter cette
situation. C’est seulement dans le cas de HANMI, lorsque le corps
est tourné sur le côté, qu’il est permis d’avoir le pied
gauche qui pointe un peu vers la gauche. Comme c'est le cas par
exemple dans le neuvième Kata, SOETE TSUKI. Une posture droite veut
naturellement dire que le dos et les épaules sont droits. Mais une
posture correcte du corps se caractérise particulièrement par le
fait que tous les mouvements trouvent, pour ainsi dire, leur origine
dans les hanches et dans la région du bas-ventre. Les meilleures
façons de s’entraîner à cette posture correcte sont :
-
De
concentrer la force en un point appelé TANDEN en japonais à environ
neuf centimètres sous le nombril.
-
De
respirer principalement avec les muscles de l'abdomen à la place des
muscles de la poitrine. C'est ce qu'on appelle KOKYU O TADASHI
(respiration correcte) en japonais.
-
De
pousser le bas-ventre contre le OBI (ceinture).
Avec
une attitude sérieuse il n’est pas seulement signifié une
attitude travailleuse et enthousiaste, mais surtout avoir une
attitude qui rend évident que vous avez réalisé vous-même que le
Iaido prend sa source dans des situations de combats réels dans
lesquelles on combattait pour la vie ou la mort. Le Iaido n’est pas
un “ballet avec un sabre”, les techniques peuvent être mortelles
lorsqu'elles sont réellement appliquées.
Les
Kata que nous pratiquons avec autant d’assiduité sont des formes
perfectionnées et polies, inventées par nos ancêtres du Iaido avec
leur vie en engagement. Comme tels, ils devraient être pratiqués
avec respect et sérieux.
ICHI
HYOSHI
Dans
le “GORIN NO SHO” de Miyamoto Musashi le rythme d'une coupe est
décrit comme étant “ICHI HYOSHI”, c’est à dire “le rythme
de un”. La traduction de Victor Harris de ce passage est : « En
un seul temps » signifie que vous êtes près de l'ennemi, de
le frapper aussi rapidement et directement que possible, sans bouger
votre corps ou fixer votre esprit, alors que vous voyez qu'il est
encore indécis. Le tempo de la frappe avant que l'ennemi ne décide
de se retirer, de rompre ou de frapper, est ce « en un
seul temps ». Vous devez réaliser ce tempo pour être capable
de le frapper dans le temps de l'instant.
(Tiré
du “Livre des cinq anneaux” écrit par Miyamoto Musashi, traduit
par Victor Harris).
YAMATSUTA
Sensei a écrit un livre sur MUSO SHINDEN RYU et a expliqué les mots
de Musashi comme cela : “ICHI HYOSHI dont parle Musashi signifie
que la montée et la descente du Sabre pour la coupe ne doivent pas
être exécutés en deux étapes. “1”pour la montée du sabre et
“2” pour la coupe n'est pas pareil que ICHI HYOSHI” Si vous
supposez que le “2” est le mouvement de la coupe, alors le “1”
est la montée du sabre. L’idée de 1+1 = 1 est l'explication de
ICHI HYOSHI. Si cette explication est une énigme pour vous, alors
ICHI HYOSHI peut être mieux comparé au pendule d’une horloge. Le
pendule va et vient sans aucune hésitation dans le mouvement. Une
coupe correcte est exécutée avec le rythme de ICHI HYOSHI et par
conséquent ce mouvement ne connaît pas d’hésitation, comme le
pendule d’une horloge.
KANKYU
KYOJAKU
KAN
KYU KYO JAKU signifie littéralement: lent (KAN), rapide (KYU), fort
(KYO) et faible (JAKU). Quand on s’entraîne aux Kata de Iaido, il
est important d’apprendre à quels moments on doit se déplacer
rapidement ou lentement et quels mouvements doivent être exécutés
d'une manière détendue ou au contraire, d’une façon “énergique”
ou mieux d’une façon “tranchante”. Tous les mouvements dans un
Kata de Iaido ne doivent pas être exécutés rapidement ou
puissamment. KIRIOROSHI doit bien sûr être un mouvement “énergique”
(tranchant), alors que d'un autre côté Chiburi est correct
lorsqu'il est exécuté
d'une
manière détendue. Pour apprendre le rythme d’un Kata, TANAYA
Sensei conseillait la méthode d’entraînement suivante :
-
Premièrement
: commencer en exécutant un Kata LENTEMENT. Tous les mouvements sont
exécutés le plus lentement possible. Répétez cela environ cinq
fois.
-
Deuxièmement
: exécuter le même Kata avec ACCELERATION. Exécuter tous les
mouvements aussi vite que possible sans en affecter l'exactitude.
Répétez cela également environ cinq fois.
-
Troisièmement
: exécuter le Kata avec le RYTHME CORRECT avec une intensité
appropriée sur RAPIDE-LENT, FORT-FAIBLE. Surtout quand il n'y a
personne dans votre Dojo qui puisse vous corriger, c'est un excellent
moyen d’apprendre par vous-même comment comprendre le rythme d'un
Kata.
ITSUKI
ITSUKI
est un mot qui est très difficile à traduire. Le caractère “I”
signifie “être” ou “présent” et TSUKI signifie “fixer,
attacher”. En Budo, il est important d'éviter une situation de
ITSUKI. Avec ITSUKI on entend une situation où l’on est
physiquement et mentalement
coincé.
Une situation si particulière est bien sûr une chance idéale pour
l'adversaire d’attaquer.
-
Un
ITSUKI physique est une situation dans laquelle le corps est coincé
à cause d'une mauvaise position des mains et des pieds, causant
l'impossibilité de mouvements d'attaque et de défense.
-
Un
ITSUKI mental est une situation dans laquelle vous êtes coincé
spirituellement, par exemple à cause d'un manque de concentration ou
d'une nature suffisante.
En
Budo, il est important d'éviter un ITSUKI dans votre for intérieur
et d’utiliser un ITSUKI chez l'adversaire de la meilleure façon
possible.
KYO
JITSU
EDO
KOKICHI Sensei explique la compréhension de KYO JITSU dans son livre
de la
façon
suivante : “Une ouverture dans l’attitude physique et spirituelle
est appelé KYO et dans le cas contraire JITSU». Dans le maniement
du Sabre, dans les temps anciens, il existait déjà le conseil
suivant :
“En
exécutant les mouvements corrects, il est d'une grande importance
d’éviter le JITSU (points forts) de l'adversaire et d’utiliser
son KYO (points faibles). Si vous attaquez ces choses que
l'adversaire ne défend pas suffisamment, vous êtes capable avec peu
d'effort d’atteindre des résultat maximaux”. “Mais pour les
débutants, il est très difficile de distinguer la différence entre
KYO et JITSU chez l'adversaire. Aussi évident que cela paraisse,
pour apprendre à distinguer JITSU et KYO (donc les points forts et
faibles) chez l'adversaire, il est nécessaire de s’entraîner
autant que possible.”
Cette
explication de KYO et JITSU n'est pas une invention d’EDO KOKICHI
Sensei,
au
contraire, c’est SUN TZU le lettré de la Chine ancienne qui l’a
expliqué pour la première fois de cette manière. L'ouvrage
classique “l’ART DE LA GUERRE” qui lui
est
attribué est une étude importante pour tout ceux qui s'intéressent
au Budo.
MITSU
NO SEN
Pour
ceux qui ne pratiquent pas le Kendo, il est peut-être difficile de
se représenter cette vision, mais sous la maxime KEN I ICHI (Kendo
et Iaido vont ensemble), il semble judicieux d’en expliquer la
signification. Miyamoto Musashi (né en 1584), un des plus grands
escrimeurs jamais connus au Japon, a déjà écrit à ce propos dans
son “GORIN NO SHO”. MITSU NO SEN veut dire littéralement : “les
trois manières dans l'initiative”.
-
SENSEN
NO SEN : Cela signifie que vous êtes capable de prévoir les
intentions de votre adversaire avant même qu’elles ne soient
exécutées et de réaliser dans le même temps une technique de
contre-attaque adéquate.
-
SEN
NO SEN : Cela signifie que vous êtes capable de saisir les
intentions de votre adversaire au moment où elles commencent à se
manifester et dans le même temps d’exécuter une technique de
contre-attaque adéquate.
-
GO
NO SEN : C’est réagir sur un mouvement de votre adversaire après
(GO signifie aussi “après”) qu’il l’ait commencé et
réaliser un mouvement défensif suivit d’une contre-attaque. En
termes de Iaido :
-
NUKITSUKE,
dans le premier Kata, est l’exécution d’un mouvement avec SENSEN
NO SEN ou SEN NO SEN. C’est à dire que vous sentez l’intention
du mouvement de l'adversaire et avant qu’il ne débute son
mouvement, votre NUKI TSUKE est déjà fini.
-
Recevoir
le coup sur votre tête dans le troisième Kata, c’est mettre à
exécution la compréhension de GO NO SEN. Vous réagissez à un
mouvement qui est déjà parti et vous répondez avec une action
défensive (UKENAGASHI) immédiatement suivie d’une contre-attaque.
KENSHINTAI
ICHI
KENSHINTAI
ICHI signifie : “Sabre, coeur (l'attitude) et corps ne sont qu'un”.
Cette
maxime
signifie que le sabre, le coeur et le corps doivent interagir en
harmonie.
Ici
“Sabre” s’applique pas seulement au Iaito mais plus largement
cela signifie
“technique”.
“KOKORO TADASHIKEREBA KEN MO TADASHII” dit-on au Japon.
Cela
signifie : “Si votre attitude est correcte, alors votre Sabre
(comprendre la
technique)
est également correct”. Si vous pratiquez le Iaido avec une
mauvaise attitude, par exemple uniquement dans le but de gagner de
l'argent ou pour acquérir de la notoriété, votre technique ne
pourra jamais être correcte, même si vue de l'extérieur elle a
l’air belle. Une bonne technique de Iaido est, parmi d’autres
critères, caractérisée par le fait que le corps (TAI) soit
toujours en bon équilibre, la partie supérieure du corps est
droite,
les épaules détendues et la force est concentrée dans le
bas-ventre (TANDEN, un point situé à neuf centimètres sous le
nombril). Une fois de plus : on ne parle seulement de Iaido parfait
que lorsque la technique (KEN), l'attitude mentale (SHIN) et la
posture du corps (TAI) sont chacun séparément à cent pour cent et
fonctionnent ensemble harmonieusement.
SHIKAI
Selon
KAMIMOTO EIICHI Sensei (9e Dan Iaido) le but du Iaido est en premier
lieu un entraînement mental, suivit par l'entraînement physique et
la maîtrise des techniques.
Si
on parle de l'entraînement mental, alors à chaque fois on revient à
la compréhension que HEIJOSHIN (attitude quotidienne), FUDOSHIN
(sang-froid), ZANSHIN (vigilance), etc... On peut aussi comprendre
entraînement mental par venir à bout des quatre
maladies
(SHIKAI) dénommées KYO KU GI WAKU, c’est à dire :
-
Stupeur : Si on est stupéfié ou surpris par un mouvement de
l’adversaire alors bien
sûr
il n'est pas possible d’avoir un jugement correct et de faire un
mouvement
efficace.
-
Peur : Si on a
peur de l’adversaire ou de sa réputation, il est naturellement
totalement impossible d’exécuter les bons mouvements, parce qu’on
est littéralement “paralysé par la peur”.
-
Doute :Lorsqu’on est dans le doute (“vais-je le frapper sur
la tête ou pas, je vais me décider à frapper son bras...”), il
devient impossible de répondre à l'attaque de l’adversaire d'une
manière correcte.
-
Confusion : Egalement
dans le cas de confusion, il n'est pas possible de réagir rapidement
et d’une manière adéquate aux mouvements de l’adversaire.
La
raison de l’entraînement au Iaido peut aussi se résumer comme
vaincre ces “quatre maladies”. Evidemment, il n'est pas toujours
possible d'être totalement libéré de toutes ces quatre maladies,
mais l’essentiel est que pendant l’entraînement on soit bien
conscient de l’existence de ces émotions et que l’on doit
essayer de les supprimer une par une.
KEN
CHU TAI
KEN
CHU TAI signifie littéralement “attendre pendant que l’on
attaque”.
KEN
signifie attaquer et TAI attendre. C’est également appelé KEN TAI
ICHI,
“attaque
et attente ne font qu'un”.
Cette
expression souligne le fait que l'attaque et la défense vont
ensemble de la même manière que les deux faces d’une pièce :
“Face” n'existe pas sans “Pile” et vice-versa, bien sûr
c'est la même chose.
-
Les actions d’attaque contiennent toujours des éléments de
défense.
-
Les actions de défense contiennent toujours des éléments
d'attaque.
Dans
le Budo, il est important quand c’est nécessaire d'attaquer et
d'attendre si besoin est. Par exemple on ne doit pas forcer une
attaque au moment où l'adversaire est bien concentré et ne montre
aucune ouverture, mais d'un autre côté, si l'adversaire montre
l'une des quatre maladies, on utilisera cela immédiatement et on
attaquera. De nouveau il est évident qu’un entraînement continu
et adéquat est la seule manière correcte d’apprendre à faire la
bonne limite entre KEN et TAI.
KIKENTAIICHI
Littéralement
: l'esprit (KI), le sabre (KEN), et le corps (TAI) font qu’un
(ICHI). Cela sous-entend que dans l'exécution de toute technique,
ces trois éléments doivent intervenir ensemble autant que possible.
Un coup d’estoc sans le bon esprit (KI) ou dans lequel le corps et
le sabre n’agissent pas en harmonie, ne peut évidemment pas
développer assez de force pour neutraliser un adversaire.
-
KI représente un esprit fort, chaque mouvement doit être
fait avec une attitude montrant qu’il est le dernier mouvement que
vous allez faire. À chaque technique on doit faire comme dans cette
expression : “ZENRYOKU WO TSUKUSU », qui veut dire “Aller au
bout de soi-même”.
-
KEN
s’entend par la manipulation du sabre, dans laquelle il est très
important que le HASUJI (côté tranchant) soit dirigée dans la
bonne direction.
TAI
signifie “TAI SABAKI”, les déplacements du corps. Bien sûr, les
mouvements du corps vont toujours ensemble avec le déplacement des
pieds et tout déplacement dans le Iaido doit sembler, pour ainsi
dire, comme si on se déplacait sur des roues (ou un skateboard) :
les mouvements doivent être fluides sans que le corps soit
déséquilibré ou qu’il monte et descende.
Article
original en néerlandais, remerciements à Louis
Vitalis Sensei
(Dojo
MUSEIDO Amsterdam)
Traduit
en anglais par René van Amersfoort
Sensei
(Dojo KIRYOKU
Zoetermeer).
31 Mars 2011.