dimanche 21 juillet 2019

Wabi-Sabi


Dojo Shidokan.

Wabi-Sabi.

Le concept japonais wabi-sabi est surtout connu en décoration pour prôner l'art de la simplicité et de la matière brute patinée. Il est né au 15e siècle grâce au moine Murato Shuko qui instaure une sobre cérémonie de thé dans des céramiques japonaises brutes raku en lieu et place des clinquantes porcelaines chinoises. Un siècle plus tard, Sen no Rikyu, illustre maître de thé, réduit le pavillon de thé à l'essentiel, une hutte, deux tatamis et des ustensiles japonais de grande sobriété.
Le pavillon de thé zen est aussi appelé chambre du vide, rien ne doit déranger le regard et maintenir l'attention au thé. Toute la cérémonie du thé est une ode à cette boisson d'une simplicité parfaite. Les gestes sont épurés, même les bruits sont étudiés pour tendre l'esprit à faire apprécier le breuvage. C'est un profond respect envers l'hôte que l'on reçoit, lui faire goûter un plaisir simple offert avec le meilleur de notre être en toute humilité.
Cette image de partage serein devient un instant magique qui provoque une émotion forte faite de tendresse et de beauté. De plus, le remerciement vient de celui qui réalise cette cérémonie, il vous remercie de votre présence et de votre attention, de de l'intérêt que vous avez porté à toutes les petites choses qu'il a faites pour vous.
Wabi-sabi est le raffinement dans la simplicité, l'élégance du rustique, la noblesse sans sophistication, la beauté réduite à la simplicité essentielle. Cette sobriété paisible influence positivement notre existence et permet l'acceptation du vieillissement naturel. Notre environnement est éphémère, inachevé, imparfait, en constante mutation. Wabi-sabi est aussi le rappel constant de l'impermanence des choses et de la vie. Rechercher l'authentique et le vrai devient la voie du bonheur.
Wabi-sabi dans notre rapport avec les autres est voir la vraie valeur de chacun et ainsi éviter les conflits, ne pas juger et accepter les différences. Dans notre relation avec nous-même, c'est nous accepter tels que nous sommes, nos imperfections sont aussi nos valeurs.
Wabi peut être traduit par simplicité, solitude, tristesse, mélancolie. Tandis que Sabi est la conscience de l'altération que le temps inflige à la nature, aux choses et aux êtres.
Wabi-sabi est une philosophie de vie taoïste qui prône le retour à l'essentiel, être heureux avec peu, l'humilité face à la nature et au travail du temps, la beauté de l'imparfait, renoncer au tape à l’œil. C'est un appel aux sens et à la raison qui a un curieux goût d'aujourd'hui. Vivre en harmonie avec la nature, renoncer aux prétentions et à la richesse, retour à la créativité et à la spontanéité de la jeunesse sont en effet des éléments issus de wbi-sabi et réclamés à hauts cris par les manifestants.
Se détacher de la perfection est aussi essentiel dans la pratique Iaïdo. L'humilité et la simplicité (wabi-sabi) font partie intégrante de la voie du sabre. Le désir de perfection doit être ré freiné. L'attention à ne pas vouloir montrer ou démontrer, mais plutôt à faire naturellement en toute simplicité doit être permanente. Le formaté que l'on a vécu dans l'apprentissage doit disparaître petit à petit pour révéler notre propre personnalité, notre authenticité. De nos imperfections doit jaillir notre esthétique de travail. De notre détachement doit transparaître notre attachement à la pratique. De notre attention aux détails vrais naîtra notre sens de la perfection. Les faiblesses et les cicatrices sont aussi notre identité et notre beauté.

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