Dojo
Shidokan.
Iki
/ Yabô.
Ce
sont des notions d'esthétique japonaise qui s'appliquent aux
personnes mais aussi aux situations et aux objets. La première
Iki c'est la sophistication naturelle, l'élégance, le
raffinement discret, l'audace modérée, le sourire accueillant, les
paroles mesurées et positives, la recherche d'une simplicité
bienveillante tournée vers les autres donc avec beaucoup d'ouverture
d'esprit.Tout à l'inverse de Yabo qui est la contre valeur
d'Iki. Cela montre plutôt le côté vulgaire, rustre, lourd,
vantard,bruyant, exubérant, mal élevé,naïf, faux, inculte,
présomptueux, quelqu'un qui cherche très maladroitement l'élégance.
L'origine
de ces termes vient du monde flottant des quartiers de plaisirs d'Edo
au 17e siècle. A l'heure actuelle, on pourrait dire « chic»
ou « cool », mais la version japonaise iki a un
sens beaucoup plus profond. Il est d'ailleurs toujours utilisé
actuellement par la presse japonaise pour qualifier quelque chose de
raffiné.
Iki
détermine aussi un idéalisme moral, une approche majestueuse de
coquetterie dans l'ombre. C'est une forme de défi à l'ordre et au
destin. Vivre dans la liberté et la hardiesse de l'indépendance
face à l'adversité. Pouvoir cacher derrière un sourire discret les
traces des larmes brûlantes des souffrances du passé.
La
couleur Iki par excellence est le gris cendré, le marron ou
le bleu sombre, des couleurs ternes, plates et non-voyantes. Le motif
de tissus iki préféré est le rayé fin. Les lignes
parallèles ne se rejoignent jamais et représentent une tension
modérée constante et infinie. Ce sont encore les choix actuels des
motifs et teintes d'hakamas de démonstration d'arts martiaux.
D'autres
termes similaires s'appliquent pour définir une personne cultivée
et raffinée, par exemple Tsu. Mais cela s'applique à
l'apparence de cette personne et cela peut aussi vouloir dire pédant
ou superficiel. On aborde alors le contraste entre être et paraître
Hon'ne et Tatemae. C'est la différence entre ce qui
est véritable et ce qui est fabriqué pour la façade. La position
en société oblige le japonais à souvent devoir cacher ses
véritables sentiments derrière un paraître pour éviter les
conflits.
Shibui
et Shibumi, par contre, sont les expressions naturelles des
sensations corporelles produites par la vision de beauté simple et
discrète ou par les saveurs d'un plat délicat.
Un
autre terme déjà évoqué est Wabi-sabi. C'est une
disposition spirituelle de modestie face à l'écoulement du temps.
Les mers de gravier et les rochers des jardins japonais en sont
l'illustre représentation. La taille des bonsaïs se fait aussi en
s'imprégnant de cet adage. L'humble beauté des choses simples et
usées, patinées par le temps et les épreuves, mais sans cesse
remodelées et entretenues. La contemplation des imperfections des
fêlures de céramique ou des grains de l'acier des lames de sabre en
est encore un bel exemple.
La
culture japonaise est très riche de ces termes difficilement
traduisibles en français tellement ils expriment de profondeur et de
sentiment.