vendredi 11 janvier 2019

Dans le noir.


Dojo Shidokan.



Metsuke (le regard) support du geste.

Avez vous déjà essayé de réaliser un kata les yeux bandés ? On ressent plein de petits déséquilibres, les gestes ne sont plus si fluides, si nets. Nous avons besoin de voir pour affirmer notre action. Et voir pas n'importe comment ! Si le regard n'est pas à la hauteur correcte, le geste n'a pas la même intensité. Quand on tourne la tête, si le regard n'est pas tout à fait horizontal, le corps a tendance naturellement à suivre le mouvement des yeux, c'est à dire à s'affaisser légèrement.
L’œil est un appareil photo ultra sensible, il nous donne une image sûre et certaine de notre environnement. Cette certitude affirme nos gestes, mais quand elle disparaît un doute se crée dans notre esprit, le geste est moins précis.

Notre apprentissage du geste vient de notre vision, c'est par l’œil que vous pouvons acquérir des gestes semblables à ceux du senseï. Mais voir n'est pas suffisant, il faut pouvoir comprendre le geste et se l'approprier, le voler ! Et encore, on peut le voler un court instant, mais est il possible de le reproduire plusieurs fois et dans d'autres situations ? Obtenir un geste pur demande du temps, de la patience, du travail, de l'obstination, de pouvoir se remettre humblement en question. Et aussi de pouvoir réaliser ce même geste sans le support du regard.

Ce n'est pas pour rien que Ogura senseï demande, tout en pensant à notre propre sécurité et à celle des autres, de pratiquer dans le noir. Le mental est bien plus important dans la pratique en obscurité. Le cerveau a besoin d'une image claire de ce qui se passe pour commander l'action et c'est lui qui doit créer l'image puisqu'il n'en obtient pas de l’œil. Plus notre mental sera fort, plus cette image obscure sera nette et claire, plus notre geste sera fort.

Comment vérifier si notre esprit est fort sans voir ? Prévenez votre entourage, placez vous en sécurité sur un axe de travail matérialisé et bandez vos yeux. Réalisez les katas ZNKR en commençant par Mae et enlevez le bandeau pour voir où vous vous situez par rapport au repère de travail de départ après chaque kata. Ainsi vous pouvez vérifier si votre mental est correct. Et plus on progresse dans l'ordre des katas ZNKR, plus c'est difficile. Inutile d'aborder les katas Koryu si vous n'avez pas une position identique à l'arrivée qu'au départ des katas ZNKR avec les yeux bandés. On peut aussi pousser la difficulté plus loin en vérifiant si chaque angle, chaque position de travail est correcte pour chaque coupe. Bref, le travail ne manque pas pour affiner notre mental sans vision.

Peut-être que c'est d'ailleurs la partie la plus facile qui vient d'être abordée ci-dessus, car si on tente d'y ajouter les notions de Jo-Ha-Kyu, Ki-Ken-Taï, Seme, Ma-aï.., vous comprendrez vite que le travail sans les yeux est loin d'être terminé. Pressentir la présence, la distance et l'intention sans voir peut vite paraître irréalisable. Avoir les idées claires dans la pénombre n'est pas chose facile !


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