Dojo
Shidokan.
Metsuke
(le regard) support du geste.
Avez
vous déjà essayé de réaliser un kata les yeux bandés ? On
ressent plein de petits déséquilibres, les gestes ne sont plus si
fluides, si nets. Nous avons besoin de voir pour affirmer notre
action. Et voir pas n'importe comment ! Si le regard n'est pas à
la hauteur correcte, le geste n'a pas la même intensité. Quand on
tourne la tête, si le regard n'est pas tout à fait horizontal, le
corps a tendance naturellement à suivre le mouvement des yeux, c'est
à dire à s'affaisser légèrement.
L’œil
est un appareil photo ultra sensible, il nous donne une image sûre
et certaine de notre environnement. Cette certitude affirme nos
gestes, mais quand elle disparaît un doute se crée dans notre
esprit, le geste est moins précis.
Notre
apprentissage du geste vient de notre vision, c'est par l’œil que
vous pouvons acquérir des gestes semblables à ceux du senseï. Mais
voir n'est pas suffisant, il faut pouvoir comprendre le geste et se
l'approprier, le voler ! Et encore, on peut le voler un court
instant, mais est il possible de le reproduire plusieurs fois et dans
d'autres situations ? Obtenir un geste pur demande du temps, de
la patience, du travail, de l'obstination, de pouvoir se remettre
humblement en question. Et aussi de pouvoir réaliser ce même geste
sans le support du regard.
Ce
n'est pas pour rien que Ogura senseï demande, tout en pensant à
notre propre sécurité et à celle des autres, de pratiquer dans le
noir. Le mental est bien plus important dans la pratique en
obscurité. Le cerveau a besoin d'une image claire de ce qui se passe
pour commander l'action et c'est lui qui doit créer l'image
puisqu'il n'en obtient pas de l’œil. Plus notre mental sera fort,
plus cette image obscure sera nette et claire, plus notre geste sera
fort.
Comment
vérifier si notre esprit est fort sans voir ? Prévenez votre
entourage, placez vous en sécurité sur un axe de travail
matérialisé et bandez vos yeux. Réalisez les katas ZNKR en
commençant par Mae et enlevez le bandeau pour voir où vous vous
situez par rapport au repère de travail de départ après chaque
kata. Ainsi vous pouvez vérifier si votre mental est correct. Et
plus on progresse dans l'ordre des katas ZNKR, plus c'est difficile.
Inutile d'aborder les katas Koryu si vous n'avez pas une position
identique à l'arrivée qu'au départ des katas ZNKR avec les yeux
bandés. On peut aussi pousser la difficulté plus loin en vérifiant
si chaque angle, chaque position de travail est correcte pour chaque
coupe. Bref, le travail ne manque pas pour affiner notre mental sans
vision.
Peut-être
que c'est d'ailleurs la partie la plus facile qui vient d'être
abordée ci-dessus, car si on tente d'y ajouter les notions de
Jo-Ha-Kyu, Ki-Ken-Taï, Seme, Ma-aï.., vous comprendrez vite que le
travail sans les yeux est loin d'être terminé. Pressentir la
présence, la distance et l'intention sans voir peut vite paraître
irréalisable. Avoir les idées claires dans la pénombre n'est pas
chose facile !
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