Mushotoku.
Traduction :
Sans but, sans intention, sans volonté.
Cela
fait partie du Zen. Agir dans ce sens est très difficile pour nous.
L'art du combat est de laisser l'esprit agir librement, sans fixation
aucune.
Dès
que la pensée se focalise sur une action ou réaction à faire, un
jugement, une appréciation, l'esprit est perturbé car un décalage
se produit par la volonté d'agir ou par la comparaison avec notre
aptitude à réagir.
La
pratique profonde ne s'aquiert qu'en travaillant, mais surtout en
pouvant nous regarder en détail travailler. Polir notre technique
c'est comme polir un miroir dans lequel on peut se voir. Jusqu'à
faire disparaître notre image et le miroir. Alors il n'y a plus
rien. Nous sommes ce que nous sommes, il faut l'accepter. Notre
instinct primaire est notre intention, laissons le agir librement.
Pour
cela, nous devons être présent avant l'intention. Percevoir
l'intention nous permet de prendre un temps d'avance, qui est
vraiment nécessaire, pour pouvoir agir correctement. Présent veut
dire observateur attentif, mais pas passif.
L'action
doit être unie à l'esprit. Si nous agissons, c'est naturellement,
en un temps, sans réflexion, dans un mouvement instinctif. Cela ne
peut venir qu'après un apprentissage parfait des technique de combat
et aussi un pratique approfondie de la méditation Zen.
On
n'est pas obligé pour cela de devenir religieux Bouddhiste, il
suffit de comprendre certains préceptes qu'ils appliquent et de les
mettre en pratique.
Contrôler
son égo peut être l'outil le plus important pour améliorer son
aptitude à agir sans volonté. Sur le Kyosaku (bâton de frappe) des
moines est traditionnellement gravé l'inscription « Maku
moso » ce qui être traduit par « pas
d'illusion ». Si on frappe les épaules du moine avec ce
bâton c'est pour lui rappeler qu'il faut se concentrer sur la
profondeur de la pratique, sans cela pas de progrès possible.
On
est toujours dans l'illusion de l'efficacité. Le but de mieux se
contrôler, de mieux bouger, de mieux contrôler l'autre est un rêve
utopique. Prendre du pouvoir sur les autres ou sur une situation est
encore illusoire, bien que cela ne soit pas mauvais en soi, au
contraire. L'égo, il en faut quand même un peu. Nous devons nous
accorder de la valeur. Mais il ne faut pas en tirer de satisfaction,
c'est juste un moment éphémère avant de passer à autre chose.
Notre
ego n'a pas de consistance, mais c'est notre esprit qui tente par
tous les moyens de justifier cet Ego et essaie de mettre en place des
schémas d'action pour établir sa solidité. On se sent d'ailleurs
particulièrement menacé par le sentiment de perte de contrôle de
ces schémas et par la perte d'estime des autres. Nous devons prendre
conscience de ce discours intérieur pour le combattre. La recherche
d'une basse flatterie ou d'une confirmation de notre bon jugement est
une activité préférée de l'esprit Ego. C'est aussi la source de
tromperie de dupe, on en revient à l'utilité de l'expression
« maku moso ».
Le
véritable guerrier ne pense pas aux conséquences de la perte des
biens matériels, de la famille ou des êtres chers. Il agit
conscient de l'illusion des liens, de la fatalité de la séparation.
Il n'y a rien à chercher, rien à terminer. Il pense juste à réagir
calmement, sans chagrin, sans colère, en accomplissant son destin.
Lorsque
l'esprit ne repose sur rien, le véritable esprit de guerrier
apparaît.
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