Dojo
Shidokan.
Kokoro.
Kusama
senseï a évoqué, lors du stage nationale français de Metz en
février 2018, la nécessité de réfléchir au pourquoi de notre
pratique. Il a utilisé le terme « kokoro » pour
qualifier la profondeur de notre attachement au Iaïdo, le bienfait
personnel que l'on en retire et surtout notre relation avec les
autres.
Kokoro
peut être traduit par cœur, mais dans le sens « profondeur
des sentiments ». Le but ultime de la pratique martiale,
continue Kusama senseï, n'est pas d'acquérir des facultés
exceptionnelles, mais est avant tout « l'élévation de l'âme,
l'amélioration de l'esprit et de nos relations humaines ». Si
nous pratiquons juste pour faire des gestes, il ne peut y avoir de
progression réelle et profonde.
Cette
notion de cœur dans la pratique doit être intégrée dans notre
évolution dès le départ car elle est montrée par le bon
enseignant, ajoute Kusama senseï. C'est lui qui est en charge de
veiller à transmettre, par son exemple, le juste comportement.
L'enseignant doit donner son meilleur cœur pour démontrer le iaïdo.
Il ne doit pas seulement s'attacher à faire de beaux gestes corrects
mais aussi de donner un esprit à la pratique en démontrant un
shizeï correct, un comportement emprunt de courtoisie, d'humilité,
de sincérité, de compassion, d'ardeur et de conviction.
L'enseignant doit surtout démontrer de grandes qualités de cœur en
montrant son attachement et sa dévotion à sa pratique, mais aussi à
ses élèves. C'est de cette façon qu'il peut maintenir
l'attachement des élèves à une pratique continue avec une relation
basée sur le cœur.
Plus
de dix ans auparavant, Ogura senseï utilisait déjà la même notion
de kokoro pour qualifier la meilleure façon d'évoluer dans la
pratique du iaïdo. « Le iaïdo c'est le kokoro, le vrai sabre
est celui du cœur pur » disait-il. Plus on évolue, plus les
gestes deviennent justes et beaux, mais aussi plus les défauts se
remarquent aisément. Si l'esprit n'est pas correct, le sabre ne peut
agir librement. Le sabre n'est pas fait avant tout pour tuer mais
pour se protéger. C'est une arme magnifique, élaborée avec tout le
cœur de l'artisan forgeron. La porter, doit se faire avec respect et
l'utiliser, doit se faire avec circonspection. Avant de tuer, il faut
user de toutes les autres possibilités.
La
violence de l'action de couper avec le sabre doit être maîtrisée
par la bonté de notre cœur. C'est ce qui démontera un calme serein
à notre pratique, une juste saisie de l'opportunité et une vive
attention à notre kasso téki (adversaire invisible). Cette dualité
Yin-Yang équilibrée est le manifeste d'un pratiquant accompli.
La réflexion pour acquérir le bon kokoro doit passer par une
profonde remise en question, un nettoyage de tout ce qui est malsain
dans notre esprit et dans nos attitudes. Le mensonge n'est plus
permis, la parole doit être vraie, authentique, venant en droite
ligne du cœur et non d'une volonté d'impressionner. Les gestes
doivent être purs et précis, logiques et rythmés par l'idée
martiale autant que par la compassion.
Cette
énergie authentique développée par le kokoro est visible autour de
nous et provoque bonheur aux autres. Nous en faisons profiter nos
proches qui eux-mêmes nous font profiter de leur bonheur. Cette
chaîne heureuse, nous avons la responsabilité de ne pas la rompre
et au contraire de l'entretenir fermement en nous efforçant de
provoquer sourire et joie dans notre entourage.
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