vendredi 15 juin 2018

Kokoro


Dojo Shidokan.


Kokoro.

Kusama senseï a évoqué, lors du stage nationale français de Metz en février 2018, la nécessité de réfléchir au pourquoi de notre pratique. Il a utilisé le terme « kokoro » pour qualifier la profondeur de notre attachement au Iaïdo, le bienfait personnel que l'on en retire et surtout notre relation avec les autres.
Kokoro peut être traduit par cœur, mais dans le sens « profondeur des sentiments ». Le but ultime de la pratique martiale, continue Kusama senseï, n'est pas d'acquérir des facultés exceptionnelles, mais est avant tout « l'élévation de l'âme, l'amélioration de l'esprit et de nos relations humaines ». Si nous pratiquons juste pour faire des gestes, il ne peut y avoir de progression réelle et profonde.
Cette notion de cœur dans la pratique doit être intégrée dans notre évolution dès le départ car elle est montrée par le bon enseignant, ajoute Kusama senseï. C'est lui qui est en charge de veiller à transmettre, par son exemple, le juste comportement. L'enseignant doit donner son meilleur cœur pour démontrer le iaïdo. Il ne doit pas seulement s'attacher à faire de beaux gestes corrects mais aussi de donner un esprit à la pratique en démontrant un shizeï correct, un comportement emprunt de courtoisie, d'humilité, de sincérité, de compassion, d'ardeur et de conviction. L'enseignant doit surtout démontrer de grandes qualités de cœur en montrant son attachement et sa dévotion à sa pratique, mais aussi à ses élèves. C'est de cette façon qu'il peut maintenir l'attachement des élèves à une pratique continue avec une relation basée sur le cœur.
Plus de dix ans auparavant, Ogura senseï utilisait déjà la même notion de kokoro pour qualifier la meilleure façon d'évoluer dans la pratique du iaïdo. « Le iaïdo c'est le kokoro, le vrai sabre est celui du cœur pur » disait-il. Plus on évolue, plus les gestes deviennent justes et beaux, mais aussi plus les défauts se remarquent aisément. Si l'esprit n'est pas correct, le sabre ne peut agir librement. Le sabre n'est pas fait avant tout pour tuer mais pour se protéger. C'est une arme magnifique, élaborée avec tout le cœur de l'artisan forgeron. La porter, doit se faire avec respect et l'utiliser, doit se faire avec circonspection. Avant de tuer, il faut user de toutes les autres possibilités.
La violence de l'action de couper avec le sabre doit être maîtrisée par la bonté de notre cœur. C'est ce qui démontera un calme serein à notre pratique, une juste saisie de l'opportunité et une vive attention à notre kasso téki (adversaire invisible). Cette dualité Yin-Yang équilibrée est le manifeste d'un pratiquant accompli.
La réflexion pour acquérir le bon kokoro doit passer par une profonde remise en question, un nettoyage de tout ce qui est malsain dans notre esprit et dans nos attitudes. Le mensonge n'est plus permis, la parole doit être vraie, authentique, venant en droite ligne du cœur et non d'une volonté d'impressionner. Les gestes doivent être purs et précis, logiques et rythmés par l'idée martiale autant que par la compassion.
Cette énergie authentique développée par le kokoro est visible autour de nous et provoque bonheur aux autres. Nous en faisons profiter nos proches qui eux-mêmes nous font profiter de leur bonheur. Cette chaîne heureuse, nous avons la responsabilité de ne pas la rompre et au contraire de l'entretenir fermement en nous efforçant de provoquer sourire et joie dans notre entourage.

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